Un cap-hornier (pl : des cap-horniers) est un navire qui a franchi le cap Horn dans un sens ou dans l'autre. Par extension, il désigne également les marins (commandants & équipages) qui ont franchi ce cap mythique le plus au sud de l'Amérique du Sud.
Sommaire
1 L'épopée des grands voiliers cap-horniers
2 Navigation au cap Horn
3 Les marins cap-horniers et la culture
3.1 Hommage
3.2 Les cap-horniers en chanson
3.3 Dans la littérature
4 Notes et références
5 Voir aussi
5.1 Bibliographie
5.2 Articles connexes
5.3 Liens externes
L'épopée des grands voiliers cap-horniers
Articles détaillés : Liste des types de navires et Histoire des bateaux.
Le Peking était un cap-hornier.
Les cap-horniers sont des grands voiliers de charge qui, du milieu du XIXe siècle jusqu'au premier quart du XXe siècle, soit pendant plus d'un demi-siècle, ont fait le tour du monde en passant par le cap Horn malgré les dangers. On disait d'eux également qu'ils faisaient les « trois caps » car ils passaient le Horn, le cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) et le cap Leeuwin (Australie). Cette flotte de voiliers au long-cours absorba à elle seule les trois quarts des activités maritimes de l'Europe. Les cap horniers sont alors les vecteurs du commerce européen en voie d'expansion mondiale. Ce sont des bateaux en acier, trois-mâts (généralement carré ou barque) ou quatre-mâts, qui peuvent atteindre 100 m de long et porter 4 000 m2 de voilure (voire plus pour les cinq-mâts). Le Balclutha, trois-mâts carré à coque acier, construit en 1886 franchit 17 fois le cap Horn sur une période de 13 ans. Son équipage se composait de 26 marins. Ou également le Suomen Joutsen ancien voilier à prime et cap-hornier.
Navigation au cap Horn
Articles détaillés : cap Horn, passage de Drake et océan Austral.
Deux cap-horniers sur le pont du Parma doublant le cap Horn autour de 1932.
Les parages du Cap, très difficiles pour la navigation à cause des conditions climatiques particulièrement soudaines, rapides et violentes et d'une mer exigeante furent toujours une épreuve extrêmement pénible pour les équipages, surtout d'est en ouest, contre les vents dominants (sud-ouest principalement), les courants, les icebergs, la houle croisée et les déferlantes. Si le passage pendant l'été austral pouvait se faire dans des conditions acceptables, il en était tout autrement l'hiver, la fréquence et l'intensité des tempêtes s'ajoutant au froid et aux conditions de vie très dures pour les marins embarqués sur ces navires. De plus, la grande houle des cinquantièmes hurlants qui courait depuis des centaines de milles rencontre à cet endroit une remontée des fonds marins qui la fait déferler. Cette voie maritime, pour accéder à la côte ouest du continent américain en venant de l'Atlantique, était un impératif pour les bateaux qui emmenaient les pionniers et leur matériel de la côte est avant la création du chemin de fer trans-continental et pour les voiliers de charge ramenant le nitrate et autres minerais du Chili vers l'Europe.
Le voilier américain, l'Edward Sewall a dû croiser pendant plus de deux mois (du 10 mars au 8 mai) au début de 19041 dans les parages du Horn avant de réussir à le passer. Par contre, le Flying P-Liner Priwall réussi l'exploit en 1938 de contourner la pointe Sud en 5 jours et 14 heures. Mais dans des conditions moins exceptionnelles le franchissement s'effectuait entre 30 et 45 jours. Le passage pendant l'hiver austral se relevait de l'exploit et nombre de marins sont morts dans ces parages emportés par une vague, tombés du gréement ou écrasés par la rupture de celui-ci. On estime à 800 navires échoués ou coulés et 10 000 marins tués au cap Horn et à proximité de celui-ci2.
Roland Paringaux petit-fils du cap-hornier Pierre Stéphan décrit dans Carnets du cap Horn les conditions de ces marins3 : « L'affrontement avec le cap Horn, ce que John Mansfield appelle « le jeu désordonné des puissances de l'abîme4 », c'était le branle-bas de combat pour tout le monde. C'étaient des nuits d'angoisse et de manœuvres sans cesse recommencées dans une mâture secouée par le vent, le roulis et les coups de tangage. C'étaient des heures épuisantes, passées à lutter avec la toile, les pieds appuyés sur un simple cordage : une situation acrobatique où tout faux mouvement peut être fatal, avec le pont cinquante mètres plus bas et, au bout des vergues, la mer noire comme un tombeau grand ouvert. C'étaient les lames géantes, déferlant sur le pont, le navire alourdi, aspiré vers le fond, et ce temps suspendu, interminable qu'il mettait à remonter avant de replonger, avec les hommes qui risquaient à chaque déferlante de passer par-dessus bord. »
L'autre route maritime du contournement de l'Amérique du Sud était le détroit de Magellan qui évitait de descendre jusqu'à la pointe Sud, mais avec des voiliers classiques peu manœuvrants, le voyage était tout aussi risqué voire plus. En effet, le détroit est très étroit à certains endroits et est orienté est-ouest qui n'est pas favorable à la navigation lors des vents dominants du sud-ouest. Il existe de très fort courants de marée et, au cap Froward, les deux Océans se confrontent. Il y a des zones de kelp et les cartes marines sont imprécises. Le climat y est également hostile avec la présence de williwaws et de grains blancs. L'ouverture du canal de Panama en août 1914 a mis fin à ces difficultés et, du coup, a révolutionné la navigation autour du globe.
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