La Cordelière — ou Marie-la-Cordelière — est un navire breton, construit à partir de 1487, sous ordre du duc François II de Bretagne, dans le contexte de la guerre contre la France. Sa fille Anne, la fameuse Anne de Bretagne, en fut la marraine. Le navire est construit aux chantiers de construction navale de Morlaix (en réalité au Dourduff-en-Mer). C'était alors le fleuron de la flotte bretonne. Elle était armée de 200 canons, dont seize de gros calibre et quatorze bombardes à roues crachant des pierres de 100 à 150 livres, et pouvait compter jusqu'à plus de 1000 hommes d'équipage1. Elle tire son nom de l’ordre de chevalerie de la Cordelière. Elle n’a pas toujours porté ce nom, pendant sa construction on lui a aussi attribué successivement les noms de La Nef de Morlaix, La Mareschalle, La Nef de la Royn, mais Anne de Bretagne la débaptisa pour lui donner son nom final.
Histoire
La Cordelière évolue en Méditerranée de 1501 à 1504. Elle participe notamment à la campagne de Mytilène. En cette période, la flotte anglaise effectuait régulièrement des descentes meurtrières sur les côtes bretonnes. Ce fut notamment le cas en juin de cette même année où l'amiral Howard débarqua au Conquet (près de Brest) et incendia le manoir d'Hervé de Portzmoguer.
Article détaillé : Bataille de Saint-Mathieu.
Le 10 août 1512, lors de la fête de Saint-Laurent, une réception est organisée sur la Marie-Cordelière alors que les Anglais commandés par l'amiral Sir Edward Howard (en) s'apprêtent à débarquer à la pointe Saint-Mathieu en rade de Brest, après avoir ravagé la presqu'île de Crozon. Hervé de Portzmoguer (connu aussi sous le nom francisé de Primauguet ) capitaine de la Marie-Cordelière en est averti et, à la demande d'Anne de Bretagne, lève l'ancre vers l'ennemi amenant à son bord les invités de la réception.
À la sortie du goulet de Brest, La Cordelière se retrouve seule, les autres bateaux bretons ayant rebroussé chemin, face à l'escadre anglaise, composée entre autres du Regent, commandé par Thomas Knyvett (en) du Sovereign et de la Mary James. Portzmoguer, parvient à démâter le Sovereign et la Mary James est mise hors d'état de nuire. L'engagement est d'une grande violence, la Cordelière est accrochée par les grappins du vaisseau anglais Regent et l'abordage est féroce, avec un corps à corps particulièrement meurtrier. Lors de l’abordage, les deux navires sont cruellement abîmé, et sombrent au large du Conquet. Il prépare son équipage et ses invités à mourir par cette phrase « Nous allons fêter saint Laurent qui périt par le feu ! ». Les deux navires coulèrent emportant avec eux plus de deux mille âmes, dont celles de Portzmoguer et de Knyvett3.
Recherches archéologiques
Des campagnes d'archéologie sous-marine ont eu lieu en 1997 et en 2001 afin de tenter de retrouver la Cordelière. Actuellement, le navire est toujours sous les eaux.
Une nouvelle campagne de recherches, va être lancée au large de Brest, à l'été 2018. Celle-ci, dirigée par l'archéologue Michel L'Hour, du DRASSM, va associer différents organismes et instituts, tels l'Université de Bretagne-Sud pour les recherches historiques, l'IFREMER, l'ENSTA Bretagne, le LIRMM de Montpellier. La campagne de recherches va s'effectuer à partir de l'André Malraux, le navire de recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines du DRASSM4.